LOT 147

1893 - 1943
Français

Paysage du midi
huile sur toile
signé et au verso titré et daté vers 1918 sur l'étiquette de la Galerie Jan Krugier, Ditesheim & Cie et inscrit « 45 » et « 63 »
24 7/8 x 20 3/4 po, 63.2 x 52.7 cm

Estimation : 400 000 $ - 600 000 $ CAD

Exposition à : Heffel Vancouver

PROVENANCE
Acquis directement de l’artiste par Charles Hall Thorndike, États-Unis
Legs à une collection privée
Collection privée, Paris
Bellier Paris, le 6 juillet 1999
Acquis du susmentionné par une collection privée
Impressionist and Modern Art Day Sale, Christie’s Londres, 21 juin 2018, lot 432
Acquis du susmentionné par une collection privée
Modern Day Auction, Sotheby’s New York, 15 novembre 2022, lot 590
Une importante collection privée, Montréal

BIBLIOGRAPHIE
L’impact de Chaïm Soutine (1893 – 1943) : de Kooning, Pollock, Dubuffet, Nacon, Galerie Gmurzynska, 2001, page 151, reproduit page 150
The New Landscape, The New Still Life : Soutine and Modern Art, Cheim & Read, 2006, reproduit, non paginé

EXPOSITION
Galerie Gmurzynska, Cologne, L’impact de Chaïm Soutine (1893 – 1943) : de Kooning, Pollock, Dubuffet, Nacon, novembre à décembre 2001
Cheim & Read, New York, The New Landscape, The New Still Life: Soutine and Modern Art, juin à septembre 2006


Décrit par le grand critique d'art américain Clement Greenberg comme « l'un des peintres les plus "painterly" » [1] Chaïm Soutine demeure une figure incontournable, mais énigmatique de l'art moderne européen. Soutine s'installe à Paris en 1913, et bien que ses débuts en tant qu'artiste soient marqués par la solitude et les difficultés, il passe également de nombreuses heures au Louvre à étudier les grands maîtres, en particulier Rembrandt.

Au début de la Première Guerre mondiale, Soutine se lie d'amitié avec le peintre Amadeo Modigliani, qui le présente à son marchand, Léopold Zborowski. Ce dernier soutient Soutine financièrement et lui donne des conseils. En 1918, il emmène Soutine, Modigliani et Tsuguharu Foujita dans le sud de la France pour échapper aux bombardements allemands sur Paris. Ce fut le premier séjour de Soutine en dehors de Paris, et c'est ici qu'il commence à peindre des paysages. Dans le Sud, et durant les années suivantes à Céret, dans les Pyrénées françaises, Soutine réalise de grandes avancées : les paysages de Céret de 1919 à 1922 sont souvent considérés comme les plus aboutis de toute sa carrière.

Soutine est resté un artiste peu connu jusqu'en 1922, lorsque son œuvre fut "découverte" par le grand collectionneur américain Albert C. Barnes, qui cherchait des acquisitions pour sa collection d'art (aujourd'hui la renommée Fondation Barnes à Philadelphie). Barnes remarqua un portrait de Soutine accroché dans la galerie du marchand Paul Guillaume et demanda à voir d'autres œuvres de l'artiste. On l'emmena dans l'appartement de Zborowski, où il acheta l'ensemble de l'inventaire du marchand, soit 52 œuvres au total. La nouvelle de la "découverte" de Barnes se répandit à travers Paris puis à l'international. En quelques années, la réputation de Soutine avait explosé.

L'œuvre de Soutine est souvent associée à l'expressionnisme, mais contrairement à l'expressionnisme allemand, comme le souligne Esti Dunow : « L'art de Soutine est ancré dans sa réponse individuelle à une pièce particulière de la nature ; il n'a pas de sous-entendus sociaux, politiques ou psychologiques évidents ou intentionnels. Alors que l'art des expressionnistes allemands est cérébral, préoccupé par des idées et des états d'esprit, celui de Soutine est physique et tangible. » [2] Les premiers paysages de Soutine sont appréciés pour leur intense émotion : libres de contraintes formelles ou structurelles, ils offrent un reflet pur et sans fioritures du monde intérieur tumultueux de l'artiste. Soutine travaillait souvent dans une frénésie, utilisant 40 couleurs et autant de pinceaux en même temps. Aujourd'hui, les coups de pinceau profondément expressifs de sa période à Céret sont vus comme un précurseur de l'expressionnisme abstrait américain.

Paysage du midi démontre de nombreuses tendances que Soutine a développées davantage à Céret, révélant l'influence de Paul Cézanne et de Vincent van Gogh. Les rythmes ondulants des arbres mouvants créent l'effet d'un paysage en mouvement perpétuel, tandis que les maisons provençales empilées sur la colline sont compressées en plans lumineux de couleur qui avancent vers l'avant, aplatissant la composition tout en créant en même temps un sentiment de bouleversement. Pour citer David Sylvester :

Il y a l'inclinaison des plans horizontaux du premier plan et le rapprochement des distances intermédiaire et lointaine vers le plan de l'image, de sorte que les éléments de la scène sont étroitement, densément, et de manière peu naturelle entassés ensemble. Il existe un contrepoint entre le mouvement vers l'image, qui est presque immédiatement interrompu et restreint, et le mouvement soutenu à travers la surface de la toile.

La scène semble se déplacer sous nos yeux, « et nous réalisons, avec une sorte d'émerveillement, à quel point cela est intuitivement vrai pour le paysage. Il n'est pas immobile. Il a sa propre essence étrange, et devant notre perception émerveillée, il change comme un animal vivant sous notre regard. » [3]

Cette peinture sera incluse dans le prochain Volume 3 du catalogue raisonné de Chaïm Soutine, actuellement en préparation par Esti Dunow.

1. Cité dans « Introduction : Reading Soutine, Retrospectively », dans An Expressionist in Paris: The Paintings of Chaïm Soutine, éd. Norman L. Kleeblatt et Kenneth Silver (New York : Jewish Museum, 1998), catalogue d'exposition, 13.

2. Cité dans Kenneth E. Silver, « Where Soutine Belongs: His Art and Critical Reception Between the Wars », dans ibid., 27.

3. David Sylvester, « The Mysteries of Nature within the Mysteries of Paint », dans C. Soutine, 1893–1943, éd. Ernst-Gerhard Güse (Londres : Arts Council of Great Britain, 1982), catalogue d'exposition, 37–38.


Estimation : 400 000 $ - 600 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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