LOT 212

AUTO CAS OC QMG RCA SCA
1923 - 2002
Canadien

Nuit laiteuse
huile sur toile
signé et au verso titré, daté 1960 et inscrit avec l’inventaire Pierre Matisse #St. 4290 sur l’étiquette de la galerie, « STB253 » / « 16262 » / « 62 » (deux fois) et diversement
24 x 36 po, 61 x 91.4 cm

Estimation : 200 000 $ - 300 000 $ CAD

Exposition à : Heffel Vancouver

PROVENANCE
Pierre Matisse Gallery, New York
Laing Galleries, Toronto
La collection de Torben V. Kristiansen, Vancouver

BIBLIOGRAPHIE
Yseult Riopelle, Jean Paul Riopelle Catalogue Raisonné, Volume 3, 1960 – 1965, 2009, reproduit page 76, catalogue #1960.005H.1960
Guy Robert, Riopelle, Chasseur d’image, 1981, reproduit page 98

EXPOSITION
Glenbow Museum, Calgary, Variations: 50 Years of Canadian Art, 18 mars au 4 juin 2006
Masters Gallery Ltd., Vancouver, Exposition et vente Jean Paul Riopelle, 23 avril au 7 mai 2016
Galerie Eric Klinkhoff, Montréal, Trésors de collectionneurs : Exposition annuelle de prêts, 19 octobre au 2 novembre 2019, catalogue #44


Nuit laiteuse de Jean Paul Riopelle est une expression évocatrice d’un paysage nocturne qui met en lumière la tension entre l’abstraction et la figuration au cœur de sa pratique au début des années 1960. Nuit laiteuse se présente d’abord comme une œuvre magistrale d’abstraction, avec de larges bandes gestuelles d’empâtement appliquées au couteau à palette formant des structures imbriquées de noir et de blanc. Une architecture d’un blanc vif domine la composition, ses axes verticaux et horizontaux se heurtant au centre de la toile. Alors que le blanc suggère traditionnellement l’absence ou l’espace vide, il prend ici poids et densité par l’application épaisse de la peinture, devenant tridimensionnelle et jouant avec la perception de la profondeur spatiale du spectateur. Riopelle expérimente le blanc tout au long de la fin des années 1950, l’utilisant pour structurer, dessiner et définir l’espace. Selon les mots de l’historien de l’art Pierre Schneider : « Le noir et le blanc : ces outils prééminents du dessin, il les emploie en tant que peintre. Lorsqu’il travaille la surface au couteau, comme à son habitude, leurs nuances sont infinies, leur potentiel est illimité... »[1] Dans Nuit laiteuse, Riopelle déploie des éclats diagonaux d’échelles de gris pour briser la composition, comme des rayons de lumière fracturés. Ceux-ci créent du mouvement et donnent à la peinture une qualité cinétique vitale, propulsant l’œil autour de la toile dans de multiples directions.

En même temps, comme son titre l’indique, Nuit laiteuse évoque de manière saisissante la sensation d’entrer dans un paysage nordique éclairé par la lune en hiver : son austérité et son froid, la densité oppressante de la forêt, les étendues de neige illuminées par la lune et les étoiles. Le blanc et le noir deviennent des nuances de neige, de glace et du ciel nocturne. Des éclats de couleur, de verts saturés et de tons terreux, résonnent tout au long de l’œuvre, comme des aperçus de sapins et de cèdres imposants ou la richesse du sol forestier. Des reflets épars aux tons de bijoux ponctuent la palette autrement restreinte de reflets de saphir et d’améthyste, tandis que le long du bord supérieur gauche de la toile, ourlé par l’obscurité envahissante, des stries chatoyantes de couleurs pastel apparaissent, comme un coucher de soleil déclinant ou une aurore boréale.

Le résultat n’est pas une représentation physique de la forêt la nuit, mais plutôt une impression fugace ou un sentiment. Jean-Louis Prat, directeur de la Fondation Maeght, se souvient du « regard lointain, mais pénétrant de Riopelle, prompt à saisir un instant dans une masse de mouvement où rien ne semblait distinguable. Un spectacle étonnant offert par la nature à la tombée de la nuit, dans un espace sans limites où le peintre semblait enregistrer le moindre battement. » [2]

En 1960, Riopelle a déjà atteint le sommet du succès avec ses peintures en mosaïque. Cependant, n’étant jamais du genre à se répéter avec des approches stéréotypées, il a continué à innover, se fixant de nouveaux défis visuels et expérimentant des techniques picturales. Nuit laiteuse illustre l’évolution de Riopelle au cours de cette période : la palette kaléidoscopique des peintures en mosaïque a été dépouillée, permettant à l’artiste d’explorer les possibilités du noir et blanc. De même, les denses toiles de tesselles qui étaient la marque de fabrique des années 1950 se sont ouvertes, créant de l’espace. Maintenant, une peinture épaisse est grattée sur la toile avec des coups virtuoses du couteau à palette dans une démonstration élémentaire de force vitale. Les crêtes et les textures qui en résultent de l’empâtement de Nuit laiteuse créent une topographie sculpturale en dialogue avec la scène hivernale de son sujet.

Nuit laiteuse a été vendue à l’origine par la vénérable galerie Pierre Matisse à New York, une provenance distinguée qui renforce l’attrait de l’œuvre. Fils cadet du grand peintre moderniste Henri Matisse, Pierre Matisse s’est fait un nom en présentant le travail d’artistes européens modernes et d’après-guerre à la riche élite américaine pendant plus de six décennies. Matisse a été un défenseur et un partisan infatigables de l’œuvre de Riopelle aux États-Unis du milieu des années 1950 jusqu’à sa mort en 1989.

1. Cité dans Jean Paul Riopelle et Denise L. Bissonnette, Jean Paul Riopelle (Montréal : Musée des beaux-arts de Montréal, 1991), catalogue d’exposition, 141.

2. Ibid., p. 11.

Traduit de l’anglais.

Pour la biographie de Torben V. Kristiansen en format PDF, veuillez cliquer ici.


Estimation : 200 000 $ - 300 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


Bien que nous ayons pris soin d’assurer l’exactitude de l’information publiée, des erreurs ou omissions peuvent se produire. Toute enchère est soumise à nos modalités et conditions de vente. Les enchérisseurs doivent s’assurer qu’ils sont satisfaits de la condition du lot avant d’enchérir. Les rapports de condition sont disponibles sur demande.