LOT 023

CM PNIAI RCA WS
1935 - 2024
Canadien

Rag Doll Mission
acrylique sur toile
signé, daté 1973 et inscrit avec le numéro de traité de l’artiste 287 et au verso titré
24 x 30 po, 61 x 76.2 cm

Estimation : 15 000 $ - 20 000 $ CAD

Exposition à : Heffel Vancouver

PROVENANCE
VisionQuest Gallery, Calgary
Acquis du susmentionné par le Dr Luigi Rossi, 2005
Succession du Dr. Luigi Rossi


Alex Janvier est l'un des nombreux artistes autochtones de sa génération qui sont passés par le système des pensionnats au Canada, sapant la continuité culturelle et la souveraineté en poussant l'assimilation. À l'âge de huit ans, il est entré au pensionnat Blue Quills près de St. Paul, en Alberta, à environ 100 kilomètres de l'endroit où il est né dans la réserve Denesuliné de Le Goff, Premières Nations de Cold Lake. Bien qu'il ait été touché par les politiques gouvernementales coloniales, Janvier a acquis une renommée nationale pour son art abstrait dynamique des années 1960. Dès 1973, lorsqu'il peint Rag Doll Mission, Janvier avait déjà développé son style distinctif.

Dans cette œuvre dynamique, l'intensité et la joie perçue des couleurs produisent une ambiguïté de sens lorsqu'on les considère par rapport au titre. Le jaune pulsant contraste fortement avec les tons froids du bleu et du violet, et les traînées rouge sang s'enroulent vers les bords avec une énergie frénétique. Le cercle près du centre de la composition rappelle le motif cible du contemporain de Janvier, l'artiste expressionniste abstrait Jasper Johns, bien que les significations soient assez différentes. Là où Johns fait référence à un symbole connu comme un moyen de souligner la matérialité, pour Janvier, le cercle est un motif avec une puissance spirituelle, apparaissant dans ses œuvres de jeunesses et récurrent tout au long de sa carrière. Ce qui est représenté à l'intérieur du cercle est en constante évolution, mais la forme est omniprésente en tant que « métaphore du cycle de la vie ». [1]

De la fin des années 1970 aux années 1980 et au-delà, Janvier a même utilisé des toile en format circulaire. Souvent considéré comme le premier artiste moderniste autochtone au Canada, il a pu consolider une esthétique moderniste tout en transmutant une cosmologie autochtone : « icônes béatifiques de l'indianité des Plaines, dérivées de la culture visuelle traumatisante des pensionnats autochtones, et de l'abstraction biomorphique, éclairées par la culture matérielle dénée et la poursuite par le Bauhaus d'un langage universel de l'abstraction ». [2]

Comme pour de nombreuses œuvres de Janvier de 1966 à 1977, Rag Doll Mission a été signée avec son numéro d'identification du traité 287. Durant cette période, il a souvent signé son travail pour inclure le numéro ou signé seulement avec le numéro, une pratique pour protester contre ce qui lui a été fait par le gouvernement fédéral. [3] En 1966, le ministère des Affaires autochtones (DIA) a commandé des œuvres pour une exposition à Ottawa. Janvier a été prolifique, produisant 80 peintures, 38 qui ont été vendues par DIA. Les autres, le ministère s’en est approprié. La façon dont Janvier a stylisé le chiffre 7 était de faire référence à « un symbole de famille, inscrit par son père sur les arbres ». [4] Comme le note Greg A. Hill dans son essai pour la rétrospective 2016 du Musée des beaux-arts du Canada sur l'œuvre de Janvier, « [l]a marque a donc un lien direct avec la Terre et la mémoire d'expérience de l'artiste qui s'y est passée ».

Ce tableau a été achevé quelques années après l'exposition internationale que Janvier et d'autres artistes des Premières Nations ont eue à Expo 67, l'exposition universelle de Montréal.

Son arrière-fond de couleurs jaune tournesol brillant traversé par des formes courbes et changeantes attire le spectateur, transmettant une énergie kinétique tout en suggérant des aperçus d'eau vitale ou d'un ciel bleu clair. Rag Doll Mission, avec son abstraction énigmatique et codée, transmet à la fois les réalités tendues et les aspirations émancipatrices de son temps.

Nous remercions Leah Snyder, designer numérique et écrivaine, The L. Project, d’avoir rédigé le texte ci-dessus, traduit de l’anglais. Snyder écrit sur la culture, la technologie et l'art contemporain, elle collabore régulièrement au magazine du Musée des beaux-arts du Canada et à d'autres publications d'art canadien.

1. Katherine Stauble, « Alex Janvier : The Circle of Life and Other Brilliant Forms », magazine du Musée des beaux-arts du Canada, 19 décembre 2016, https://www.gallery.ca/magazine/exhibitions/alex-janvier-the-circle-of-life-and-other-brilliant-forms-0.

2. Chris Dueker, dans Alex Janvier : Modern Indigenous Master (Ottawa : Musée des beaux-arts du Canada, 2016), par Greg A. Hill et al., catalogue d'exposition, 45.

3. Encyclopédie canadienne, s.v. « Alex Janvier », par Gerald R. McMaster, 2008, dernière mise à jour le 11 juillet 2024, par Daniel Baird, https://www.thecanadianencyclopedia.ca.

4. Hill et coll., Alex Janvier, 21.

Pour la biographie de Dr. Luigi Rossi en format PDF, veuillez cliquer ici.


Estimation : 15 000 $ - 20 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


Bien que nous ayons pris soin d’assurer l’exactitude de l’information publiée, des erreurs ou omissions peuvent se produire. Toute enchère est soumise à nos modalités et conditions de vente. Les enchérisseurs doivent s’assurer qu’ils sont satisfaits de la condition du lot avant d’enchérir. Les rapports de condition sont disponibles sur demande.