LOT

CC QMG RCA
1904 - 1990
Canadien

Les servantes
huile sur panneau
signé et daté 1953 et au verso titré sur l’étiquette de l’exposition du Musée des beaux-arts de Montréal
30 1/4 x 19 po, 76.8 x 48.3 cm

Estimation : 0 $ - 0 $ CAD

Exposition à : Heffel Montréal

PROVENANCE
M. Amiot Jolicoeur, Québec
Par filiation à une collection privée, Québec
Galerie Claude Lafitte, Montréal, 2007
Beaux-arts canadiens, Maison de vente aux enchères Heffel, 22 mai 2008, lot 88
Importante collection privée, Calgary

BIBLIOGRAPHIE
Charles Miville-Deschênes, « Le vernissage de J.P. Lemieux. Donner à nos jeunes le goût du Vrai et du Beau », Progrès du Saguenay, 30 octobre 1953, reproduit page 3
Gilles Corbeil, « Jean Paul Lemieux, peintre intimiste », Arts et pensée, novembre-décembre 1953, reproduit page 41
Office national du film, Québec en silence, 1969, film couleur de Jean Gascon, 10 min, présenté à 8 min 53 secondes
Anne Hébert, Jean Paul Lemieux, 1974, catalogue de l’exposition présentée à Moscou, Leningrad, Prague et Paris, page 10
Guy Robert, Lemieux, 1975, reproduit page 91
Marie Carani, Jean Paul Lemieux, Musée du Québec, 1992, reproduit page 98, pages 101 et 270
François-Marc Gagnon, Borduas, Lemieux, Riopelle : Essais sur trois peintres québécois, Maison de vente aux enchères Heffel, 2014, reproduit page 102, discuté pages 103 à 105

EXPOSITION
Hôtel de ville, Chicoutimi, Jean Paul Lemieux solo, octobre – novembre 1953, organisé par le Comité des arts et métiers de la Chambre de commerce de Chicoutimi
Musée des beaux-arts de Montréal, Rétrospective Jean Paul Lemieux, 15 septembre – 11 octobre 1967, en tournée au Musée du Québec, Québec, 18 octobre – 22 novembre 1967, et au Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 6 décembre 1967 – 7 janvier 1968, catalogue #25
Villa Bagatelle, Sillery, Horizons et figures : une exposition Jean Paul Lemieux, 7 octobre au 15 novembre 1987
Musée du Québec, Québec, Jean Paul Lemieux, 3 juin – 1er novembre 1992, en tournée au Musée des beaux-arts de Montréal, 17 juin – 31 octobre 1993, catalogue #24


Je connais peu d’œuvres dans notre peinture qui atteignent à ce point la poésie par des moyens aussi simples et en même temps aussi raffinés. Tout concourt à créer ici un état poétique : la subtilité des tons, l’étrangeté du sujet et de la composition, l’originalité de la matière et par-dessus tout, cette mélancolie attendrie qui semble flotter sur les objets autant que sur les êtres vivants. [1]

C’est à l’esthète, érudit et marchand d’art montréalais Gilles Corbeil (1920-1986) qu’il revient d’avoir révélé dans un article paru en 1953, le caractère « intimiste » de la peinture de Jean Paul Lemieux. Il illustrait alors son propos avec le magnifique tableau Les Servantes qui se distinguait nettement des mises en scène colorées et volubiles de la période précédente du peintre, qu’on qualifie de narrative (1940-1946) pour avoir mis en valeur le mode de vie du peuple nordique et religieux auquel il appartenait. [2] Au tournant des années 1950, après avoir remis sérieusement en question son avenir de peintre, Lemieux reprend les pinceaux et réalise des compositions d’un tout autre ordre que Gilles Corbeil qualifie de poétiques.

Les Servantes témoigne de la nouvelle orientation que prend l’art de Jean Paul Lemieux à cette époque, en s’engageant dans l’exploration des thèmes de la solitude et de l’incommunicabilité des êtres. L’œuvre présente une rare scène d’intérieur – décrite par François-Marc Gagnon comme « un petit hôtel à Québec ou ailleurs » [3] - dont l’espace s’articule autour de rectangles que forment les pans de mur, la fenêtre, les paliers et les marches. On remarque l’animation rythmique que créent les axes verticaux et obliques de la rampe garnie d’une succession de barreaux. La gestuelle du peintre partout présente sur la surface annihile l’effet de permanence de cette brillante construction géométrique. Du pot de fleurs rapidement esquissé au mur clair texturé de coups de pinceau qui dessine l’ombre de la servante vêtue de noir, c’est l’effet de fugacité qui l’emporte. Chacune occupée à sa tâche, il nous semble que les deux servantes s’échapperont bientôt du cadre de la peinture.

Œuvre incontournable et fort bien documentée de Jean Paul Lemieux, Les Servantes préfigure les thématiques de la période classique (1956-1970) qui rendront le peintre célèbre en tentant de rendre sur la toile l’effet du temps qui fuit et le « frémissant reflet de l’âme du Canada français avec ses mystères et ses secrets ». [4]

Nous remercions Michèle Grandbois, auteure de Jean Paul Lemieux au Musée du Québec, d'avoir rédigé le texte ci-dessus. Cette œuvre sera incluse dans le prochain catalogue raisonné de l'artiste actuellement en préparation par Michèle Grandbois.

1. Gilles Corbeil, « Jean Paul Lemieux, peintre intimiste », Arts et Pensée, novembre-décembre 1953, p. 40.

2. Ibid, p. 36.

3. François-Marc Gagnon, Borduas, Lemieux, Riopelle : Essais sur trois peintres québécois (Vancouver : Maison de vente aux enchères Heffel, 2014), p. 103.

4. Paraphrase de la citation de Jean Paul Lemieux dans Gilles Corbeil, Arts et Pensée, p. 36 : « L’âme du Canada français a ses mystères et son secret : quelle tentative pour nous peut avoir plus de charme que d’en fixer le frémissant reflet? »


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