LOT 117

1815 - 1872
Canadien

Portage, Ste-Anne River, Quebec
huile sur toile
signé et daté 1854 et au verso titré Portage, St. Ann River, Québec [sic] sur l’étiquette de la galerie
12 1/4 x 18 po, 31.1 x 45.7 cm

Estimation : 50 000 $ - 70 000 $ CAD

Vendu pour : 49 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
J. Mott Esq., Toronto, 1857
Galerie Bernard Desroches, Montréal
Art canadien, Joyner Fine Art, 20 mai 1987, lot 40
Collection privée, Toronto


Au début des années 1850, Cornelius Krieghoff est une personnalité bien établie à Montréal, au sein d’un cercle intime d’amis artistes, de mécènes et d’associés, et se voit confier plusieurs commandes publiques et privées importantes. Pourtant, Montréal n’est plus la capitale cosmopolite florissante qu’elle a été. En proie à des difficultés économiques et à des troubles politiques qui culminent avec l’incendie des bâtiments du parlement, Montréal perd son statut de capitale de la province du Canada en 1849 au profit de Québec et de Toronto, entraînant l’exode des fonctionnaires et des représentants du gouvernement, ainsi que des entreprises qui les desservent. Selon J. Russell Harper, « la vie cosmopolite s’est pratiquement paralysée [et] l’éclat de Montréal s’est estompé, tout comme son potentiel comme marché de l’art ».[1]

L’impact sur Krieghoff a probablement été considérable et il semble qu’il a souffert de difficultés financières. Tout en continuant à peindre avec régularité, il s’efforce de vendre ses œuvres en les mettant aux enchères, en produisant des gravures et, selon certains témoignages, en faisant du porte-à-porte.

Vers 1853, Krieghoff s’installe à Québec, où il connaîtra la période la plus productive et la plus fructueuse de sa carrière. À cette époque, cette ville est presque aussi grande que Montréal. Elle compte quelque 58 000 habitants, dont près de 40 % d’anglophones, et est le quartier général militaire de l’Amérique du Nord britannique, le siège d’une industrie navale florissante et, depuis octobre 1851, le siège du gouvernement de la province du Canada.[2]

Krieghoff trouve rapidement du soutien auprès des anglophones actifs dans le commerce du bois, ce qui influence sa façon d’appréhender la nature sauvage entourant son nouveau domicile. À partir de ce moment, Krieghoff s’intéresse de plus en plus aux aspects formels de la peinture de paysage, et le paysage lui-même – plutôt que les personnages – devient l’élément central de son travail. Les figures humaines subsistent, mais sont des éléments secondaires de la composition. Elles deviennent en quelque sorte des dispositifs visuels qui confèrent de l’ampleur aux forêts, aux rivières et aux chutes d’eau majestueuses du Canada.

En 1854-1855, Krieghoff peint plusieurs tableaux de la rivière Sainte-Anne, don’t deux font maintenant partie de la collection du Musée des beaux-arts du Canada. Krieghoff s’est peut-être rendu à la rivière Sainte-Anne, un affluent du Saint-Laurent au nord-est de Québec, lors de l’un des nombreux voyages de chasse et de pêche qu’il entreprenait avec ses amis et, souvent, des guides autochtones.

Dans l’œuvre présentée ici, Portage, Ste-Anne River, Quebec, un petit groupe de chasseurs autochtones se repose dans une clairière le long de la rive. Leur canot retourné repose sur un rocher à côté d’une petite cascade qui pourrait être dangereuse. Un personnage est étendu sur le ventre tandis qu’un autre allume un feu de camp. Notre regard est attiré par les chasseurs, en partie en raison du conifère majestueux qui les surplombe et agit comme pièce maîtresse de la composition. Krieghoff présente les personnages comme s’ils étaient des acteurs sur une scène, éclairés par une trouée dans les nuages et encadrés par les arbres, le canot à gauche et le gros rocher à droite. Cependant, l’échelle réduite des chasseurs en diminue l’importance dans la scène, et ils sont englobés par le somptueux paysage.

Les nombreuses diagonales de la composition créent un mouvement, poussant le spectateur à explorer les différents délices visuels : la rivière qui serpente dans le lointain brumeux bordé d’une forêt dense, les collines couvertes de broussailles vertes qui s’élèvent abruptement derrière les personnages, ainsi que les différentes textures expressives des rochers qui contrastent avec l’herbe veloutée aux teintes dorées. La lumière du soleil filtre à travers les nuages d’automne, créant des zones d’ombre et de lumière qui traversent la composition et permettent à Krieghoff de démontrer sa virtuosité avec la couleur et de mettre en valeur un spectre étonnant de teintes vertes, brunes et ocres.

Portage, Ste-Anne River, Quebec témoigne de l’immense talent de paysagiste de Krieghoff à une époque où ses intérêts changent et où il entreprend la période la plus prolifique et la plus fructueuse de sa carrière.

1. J. Russell Harper, Krieghoff, Toronto, University of Toronto Press, 1979, p. 57 [traduction libre].

2. Dennis Reid, Krieghoff: Images of Canada, Toronto, Art Gallery of Ontario, en association avec Douglas & McIntyre, 1999, p. 70-71 [traduction libre].


Estimation : 50 000 $ - 70 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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