LOT 116

1815 - 1872
Canadien

Indian Returning from the Hunt (An Indian Encampment)
huile sur toile, circa 1860
signé et au verso titré An Indian Encampment sur l'étiquette de Watson Art Galleries et inscrit par William R. Watson sur son étiquette : « I consider this painting to be one of the finest works by this artist I have seen »
12 x 18 po, 30.5 x 45.7 cm

Estimation : 50 000 $ - 70 000 $ CAD

Vendu pour : 55 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Watson Art Galleries, Montréal
F.W. Carsely, Esq., Montréal
Mme Muriel G. Winter, Cleveland, Ohio
Galerie Walter Klinkhoff, Montréal
Mitzi et Mel Dobrin, Montréal
Art canadien, une collection exceptionnelle : la propriété d’un éminent collectionneur montréalais, Fraser Bros., Montréal, 23 octobre 1986, lot 94
Acquis du susmentionné par la collection privée actuelle, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Marius Barbeau, Cornelius Krieghoff, Pioneer Painter of North America, 1934, page 136, titré Indian Returning from the Hunt
J. Russell Harper, Krieghoff, 1979, une œuvre similaire notée page 137, reproduit page 134, planche 124


Indian Returning from the Hunt (An Indian Encampment) fait partie d’une série de Krieghoff représentant un groupe de chasseurs autochtones à côté d’un gros rocher connu sous le nom de Big Rock. J. Russell Harper, ex-conservateur de l’art canadien au Musée des beaux-arts du Canada, considère ces tableaux comme les meilleurs de Krieghoff en raison de leurs couleurs éclatantes et du romantisme qui s’en dégage. Il souligne aussi qu’une œuvre similaire se trouve dans la collection de Power Corporation du Canada.[1] Big Rock sert de toile de fond pour toutes les œuvres de la série, alors que les détails du paysage et de la composition varient. Ainsi, Krieghoff ne cherchait pas à décrire un lieu précis, mais plutôt à faire appel à son imagination pour expérimenter avec de nouveaux éléments de composition et de nouvelles perspectives. Il met ainsi en évidence son don unique pour l’expression du paysage.

Indian Returning from the Hunt présente un chasseur huron dépeçant un cerf au pied de Big Rock, tandis que son compagnon s’appuie sur son fusil. Un troisième personnage qui se tient à l’écart, à côté du canot tiré sur la berge. Cette scène est une idéalisation de la vie autochtone traditionnelle qui disparaissait rapidement sous l’effet de la colonisation. La multitude d’œuvres de Krieghoff représentant des sujets autochtones en train de chasser et de poser des collets dans la forêt souligne leur attachement à la terre, ce qui rappelle les idéaux européens des Lumières du XVIIIe siècle concernant le soi-disant noble sauvage, non corrompu par les vicissitudes de la civilisation moderne. Comme le note Harper: « Même Jean-Jacques Rousseau n’aurait pu imaginer une relation plus idéaliste entre l’homme et la nature. Le meilleur des mondes, le plus simple, prodigue ses bienfaits à ses enfants, des hommes préservés des complexités d’une civilisation artificielle et contre-nature. »[2]

En 1860, Krieghoff maîtrisait les aspects formels de la peinture de paysage. Le décor richement orchestré du tableau porte clairement l’influence des paysages hollandais et flamands du XVIIe siècle. L’élément central du cadre est un grand arbre aux racines noueuses, habilement rendu au premier plan, don’t les branches tordues aux feuilles mordorées donnent de l’ombre aux chasseurs. La composition de Krieghoff guide le regard du spectateur de gauche à droite, à travers un décor paradisiaque aux splendeurs automnales, jusqu’à une rivière d’un bleu limpide qui s’estompe pour laisser place à une vue lointaine confondue avec le ciel. La palette va des ombres à gauche, avec un riche jeu entre la lumière et l’obscurité là où les rayons du soleil pénètrent la canopée, tandis que le centre de la toile est dominé par de somptueux tons de terre et des herbes verdoyantes, ainsi que par les tuniques rouge et jaune vif portées par les chasseurs. L’extrême droite du tableau est d’un ton froid, avec un ciel pâle et de l’eau qui se fondent dans des collines oniriques saturées de bleu. Les textures obtenues par Krieghoff – de la surface miroitante et réfléchissante de la piscine au premier plan à la terre caillouteuse le long du rivage et à l’herbe douce qui recouvre Big Rock – sont presque palpables. Indian Returning from the Hunt est une œuvre réalisée par Krieghoff alors qu’il est au sommet de son art.

Ce tableau au pedigree exceptionnel a déjà fait partie de la remarquable collection des philanthropes et collectionneurs d’art montréalais Mitzi et Mel Dobrin. Grâce à leur sens aigu de la qualité, les Dobrin ont constitué l’une des plus belles collections privées du Canada, contenant des chefs-d’œuvre d’artistes canadiens et internationaux de renom. Une partie de leurs œuvres ont été vendues aux enchères en 1986 et cette œuvre, le lot 94 de la vente, a été acquise par le collectionneur privé torontois qui la possède actuellement.

1. J. Russell Harper, Krieghoff, Toronto, University of Toronto Press, 1979, p. 134 et 137 [traduction libre].

2. Ibid., p. 137 [traduction libre].

Dans la liste des œuvres de Krieghoff dressée par Marius Barbeau, ce tableau est décrit comme suit : « Au portage, près du grand rocher, rivière au premier plan à droite. Au pied d’un sentier dans les bois. Un Indien dépouille un cerf, à gauche; un autre à droite, avec une tunique rouge, pousse un cri entre ses mains. Un troisième Indien est debout au centre, les mains sur son fusil. Bel arbre de grande taille, rougeâtre. Feuilles jaunes d’un bouleau. »


Estimation : 50 000 $ - 70 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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