LOT 113

CAC RCA
1881 - 1942
Canadien

Beach Scene at Dinard
huile sur panneau
signé et daté 1908
6 5/8 x 9 5/8 po, 16.8 x 24.4 cm

Estimation : 80 000 $ - 100 000 $ CAD

Vendu pour : 103 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Collection privée, New York
Tableaux, aquarelles et dessins d'artistes canadiens, Christie, Manson & Woods (Canada) Ltd., Montréal, 3 mai 1974, lot 118
Acquis du susmentionné par une collection privée, Montréal
Par filiation à la collection privée actuelle, Victoria

BIBLIOGRAPHIE
Hugues de Jouvancourt, Clarence Gagnon, 1970, la toile connexe de 1907 La brise d’été chez Dinard, collection du Musée national des beaux-arts du Québec, reproduite page 18
René Boissay, Clarence Gagnon, 1988, la toile Brise d’été à Dinard reproduite page 80
Hélène Sicotte et Michèle Grandbois, Clarence Gagnon, 1881 – 1942 : Rêver le paysage, Musée national des beaux-arts du Québec, 2006, la toile Brise d’été à Dinard reproduite page 90, page 343

EXPOSITION
Musée national des beaux-arts du Québec, Québec, Clarence Gagnon, 1881 – 1942 : Rêver le paysage, 7 juin – 10 septembre 2006, en tournée en 2006 – 2007 au Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, et Collection McMichael d’art canadien, Kleinburg, catalogue #28


Clarence A. Gagnon aimait travailler sur de petits formats. Il avait le souci du détail, de la précision et de la composition descriptive, et maîtrisait l’art du dessin et de l’eau-forte. Gagnon arrivait à réaliser des scènes animées et détaillées de Venise et de villages normands sur des plaques de cuivre d’un format à peine supérieur à 10 x 20 centimètres. C’est d’ailleurs grâce à ses gravures que l’artiste canadien a acquis une renommée internationale dans les années qui ont suivi son arrivée à Paris (1904-1908). Toutefois, la passion de Gagnon pour la peinture ne s’est pas éteinte malgré le succès soudain de ses eaux-fortes. En 1908, il a réaffirmé son désir d’être connu d’abord et avant tout comme peintre.

À l’instar de son compatriote James W. Morrice, dont les pochades éblouissent le jeune artiste lors de ses premières visites au Salon de Paris, Gagnon réalise ses propres études à l’huile sur de minuscules planches de bois de la taille d’une main. En quelques coups de pinceau rapides – souvent donnés sur place devant son sujet – l’artiste arrive à saisir des vues exquises comme le Jardin du Luxembourg en 1904 ou 1905 (collection du Musée des beaux-arts de l’Ontario, L83.6), dans lesquelles Gagnon abandonne le souci de la ligne et du détail propre au dessinateur pour adopter la juxtaposition des touches de couleur prisée par le peintre.

À l’été 1907, Gagnon découvre les plages de la Côte d’Émeraude, en Bretagne, qui deviendront son sujet de prédilection pour les deux années suivantes. Inspirées par les stations balnéaires de Saint-Malo et de Dinard qu’il visite à cette époque, ses rares pochades connues documentent ses célèbres tableaux impressionnistes, tels que Les deux plages, Paramé, Saint-Malo, 1908 (collection du Musée des beaux-arts Beaverbrook), dont l’étude peinte, La plage de Saint-Malo (collection privée), a été redécouverte aux États-Unis il y a quelques années et vendue par la Maison Heffel en 2020. Les petits formats de Gagnon sont généralement exécutés avec minutie, finesse et une certaine attention aux détails, des caractéristiques qui deviendront sa marque distinctive durant sa prolifique période de petits formats représentant des scènes de Charlevoix.

Scène de plage à Dinard s’apparente davantage à ses représentations au style libre des jardins du Luxembourg. Rappelant Morrice, ce tableau laisse le rôle prédominant à la matière elle-même, avec des empâtements et des textures qui s’harmonisent à l’architecture et à la vivacité de la scène. Ici, Gagnon alterne longues touches de couleur et traits vigoureux répartis sur les plans de la composition (notamment sur la plage) et des notations rapides d’éléments qui évoquent une atmosphère balnéaire. Les gestes du peintre contribuent également au mouvement d’ensemble de ce petit paysage marin, balayé par une brise fraîche. Il en résulte une composition douce et aérienne, parfaitement au diapason des interactions chorégraphiques des figures humaines, des bateaux et des nuages.

La composition de Scène de plage à Dinard est remarquable, avec quatre bandes horizontales juxtaposées. La bande bleu clair du milieu fait converger le regard sur un groupe de baigneurs, avec des diagonales rayonnant vers les quatre coins du panneau. Chez Gagnon, rien n’est improvisé, et ce chef-d’œuvre impressionniste magistralement exécuté démontre la capacité du peintre à capter des sensations fugaces et éphémères. De plus, la réapparition de Scène de plage à Dinard au bout de presque un demi-siècle jette un nouvel éclairage sur un autre tableau splendide conservé au Musée national des beaux-arts du Québec depuis 1937, Brise d’été à Dinard, qui est trois fois plus grand que l’œuvre présentée ici. En son centre, la grande composition est une version magnifiée de la pochade qui intègre quelques différences notables, notamment les personnages vêtus de blanc qui marchent en directions opposées, la taille des baigneurs et la position des voiliers à l’horizon.

À la mort de Gagnon en 1942, sa veuve, Lucile Rodier-Gagnon, a catalogué et numéroté les quelque 670 pochades qu’elle a trouvées dans l’atelier de l’artiste à Paris et leur maison de Montréal. Un certain nombre de petits tableaux que l’artiste a vendus ou donnés de son vivant ne figurent pas dans ce catalogue. Scène de plage à Dinard est probablement l’un d’eux puisqu’il s’est retrouvé dans une collection américaine avant d’apparaître pour la première fois dans une vente aux enchères de Christie’s à Montréal en 1974.

Nous remercions Michèle Grandbois, co-autrice de Clarence Gagnon, Rêver le paysage, qui a rédigé l’essai ci-dessus.

Ce lot est accompagné d’une copie de la facture de 1974 de Christie, Manson & Woods (Canada) Ltd.


Estimation : 80 000 $ - 100 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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