LOT 011

AANFM AUTO CAS QMG RCA SAAVQ SAPQ
1924 - 2001
Canadien

Le gypaète pourpre
huile sur toile
signé et daté 1959 et au verso signé, titré, daté et inscrit « 14 »
51 x 38 po, 129.5 x 96.5 cm

Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Vendu pour : 223 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Paul-Henri Lapointe, Montréal
Collection privée, Toronto
Art canadien d’après-guerre et contemporain, Maison de vente aux enchères Heffel, 19 novembre 2008, lot 21
Acquis du susmentionné par une importante collection privée, Montréal

BIBLIOGRAPHIE
Marcelle Ferron de 1945 à 1970, Musée d’art contemporain, 1970, répertorié et reproduit, non paginé
Entrevue vidéo avec Jean Sarrazin, « Lumineuse Ferron », Radio-Canada, 24 mai 1970, http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/arts_visuels/clips/9153, consulté le 12 septembre 2008

EXPOSITION
Museu de Arte Moderna, São Paulo, Brésil, VI Biennale, 1961
Musée d’art contemporain, Montréal, Marcelle Ferron de 1945 à 1970, 8 avril - 31 mai 1970, catalogue #39


Tout au long de sa carrière, la peinture de Marcelle Ferron s’est définie par l’expressivité et l’exubérance de la couleur et du geste. Après avoir rencontré Paul-Émile Borduas en 1946, elle devient rapidement une voix puissante du mouvement émergent de l’abstraction picturale québécoise. Entre 1953 et 1966, Ferron quitte Montréal pour Paris, où elle développe rapidement sa technique et sa pratique. Après avoir traversé l’Atlantique, elle troque ses compositions denses, ses formats réduits et ses palettes sombres pour des œuvres plus grandes. De plus, elle trouve dans la capitale française des pigments plus coûteux et plus vibrants. C’est à cette époque que Ferron s’affirme et, à la fin des années 1950, elle expose aux côtés d’autres abstractionnistes expatriés accomplis, tels que Joan Mitchell et Sam Francis. Alors que ces artistes se définissaient par leur coup de pinceau gestuel curviligne, les peintures de Ferron exhibaient de larges touches de couleurs vibrantes, délibérément disposées en rafales de mouvement.

Pour réaliser ses compositions tumultueuses de couleur et de lumière, Ferron prépare souvent elle-même ses propres peintures. Elle broie les pigments et les lie à de l’huile de pavot et de lin pour créer des teintes vives qui lui sont propres. À la même époque, Ferron commence à délaisser les pinceaux pour les spatules. Ses instruments sont souvent d’une taille impressionnante : elle fait fabriquer sur mesure, par un ferronnier d’art, des lames plus grandes que la normale, atteignant parfois jusqu’à un mètre de longueur. Ferron utilise également ce qu’elle appelle des racloirs, des spatules dont la lame est fixée à angle droit sur le manche, qu’elle utilise pour ce qu’elle appelle les « grands moments » ou les « raclures ». Au moyen de ses instruments, elle étale avec des gestes de plus en plus larges et expressifs des teintes vibrantes sur des fonds blancs pour créer des champs de couleurs riches et déchaînés.

Ferron obtient parfois des résultats éclatants, comme dans Le gypaète pourpre. Au centre s’anime un tourbillon instable. Des touches successives de verts, de pourpres et de bleus sont superposées et imprégnées de larges balayages de rouge, de cramoisi et d’orangé, ce qui donne l’impression que la masse entière vibre et se renferme sur elle-même. L’agencement dense des touches de peinture s’éloigne des bords de la toile, permettant à l’arrière-plan d’un blanc lumineux d’encadrer et de traverser le tumulte de mouvement et de couleur de la forme centrale. En effet, dans ses compositions, Ferron donnait la priorité au pigment blanc, à la fois comme fond et comme structure pour ses teintes plus vives. (Elle allait parfois jusqu’à repeindre et revitaliser les blancs jaunis par le temps sur les tableaux plus anciens qu’elle avait encore en sa possession.) Ici, le blanc croise et traverse les couleurs les plus vives, créant un arrangement énergique et puissant qui complique toute lisibilité initiale d’une relation entre la figure et le sol.

Œuvre expressive, mais méticuleuse, Le gypaète pourpre est une rhapsodie de couleurs assumée et une démonstration exemplaire de la peinture ample et énergique de Ferron. Elle fait partie des six tableaux qu’elle a exposés à la VIe Biennale de São Paulo au Brésil en 1961 à laquelle elle représente le Canada aux côtés de Ron Bloore, Alex Colville, Gordon Smith et Harold Town. Elle y a d’ailleurs remporté la médaille d’argent, devenant ainsi la première Québécoise à recevoir une telle reconnaissance internationale.


Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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