LOT 036

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1923 - 2002
Canadien

Les oies
huile sur toile, 1967
signé et au verso titré Les oies V, inscrit diversement et étampé Lucien Lefebvre Foinet Paris et 30F
28 3/4 x 36 1/4 po, 73 x 92.1 cm

Estimation : 175 000 $ - 225 000 $ CAD

Vendu pour : 481 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Galerie Maeght, Paris
Perrin-Royère-Lajeunesse, Versailles, 28 juin 1987
Tableaux des XIXE et XXE Siècles, Jean-Louis Picard, 3 juin 1992, lot 90
Art moderne et contemporain, Watine-Arnault, Paris, 24 novembre 1993, lot 150
Une importante collection privée européenne

BIBLIOGRAPHIE
Yseult Riopelle, Jean Paul Riopelle Catalogue Raisonné, Volume 4, 1966 - 1971, 2014, reproduit page 132, catalogue #1967.003H.1967

EXPOSITION
Centre culturel canadien, Paris, Riopelle 1955 – 1975, 11 mars - 21 avril 1976, catalogue #19


Les animaux sont tellement présents dans les peintures, les sculptures et les gravures de Jean Paul Riopelle qu’ils constituent un bestiaire que l’on pourrait qualifier d’impressionnant. C’est pourquoi il est surprenant de voir l’artiste banaliser en quelque sorte leur signification. En effet, lorsqu’on l’interroge sur ses hiboux, Riopelle répond : « Par exemple, si on me demande pourquoi j’ai dessiné 2 000 hiboux, je dirai : “C’est pour faire dix lithos.” Mais en réalité, c’est d’avoir fait les 2 000 hiboux qui m’intéresse. Pas parce que ce sont des hiboux. Je me fous des hiboux. Ils ne sont pas pour autant des symboles. Je n’ai pas pensé à ce qu’ils signifiaient lorsque je les ai faits. Je les ai faits. »[1]

Bien qu’ironique, sa réponse est très révélatrice. L’animal est un prétexte à la création, pas une fin en soi. Le sens de l’animal, c’est qu’il n’y a pas de sens. Ici, les animaux sont plutôt des sources d’expérimentation formelle. Le regretté historien de l’art François-Marc Gagnon : « Toute cette production prenant des volatiles pour thèmes relève moins d’un bestiaire que de l’art cherchant appui dans la nature qui lui sert de prétexte. Pour Riopelle, il n’y a pas de hiatus entre sa production dite abstraite et l’autre, dite figurative. L’une et l’autre relèvent du même acte, du “faire”. »[2]

Le bestiaire de Riopelle est incroyablement complet et diversifié. Il comprend des animaux de ferme et des animaux domestiques, comme le coq, le cheval, le chien; le lièvre, le caribou, le faisan et d’autres animaux sauvages du Canada que Riopelle chassait à l’occasion; des créatures aquatcommes tels l’esturgeon et l’hippocampe; et même le singe, l’éléphant et d’autres animaux exotiques. Cependant, ses deux animaux préférés, tellement récurrents dans son œuvre qu’ils sont devenus synonymes de son œuvre, sont le hibou et l’oie.

L’oie, et plus précisément l’oie des neiges, est au cœur de l’œuvre de Riopelle, et c’est probablement le thème qui trouve le plus d’écho dans l’imaginaire collectif et l’identité du public canadien. Cet oiseau est aussi intrinsèquement associé à l’identité de l’artiste, « trappeur supérieur », chasseur passionné et amoureux de la nature. Il a même vécu à proximité de ces oies lorsqu’il a établi son deuxième atelier sur L’Isle-aux-Oies, au début des années 1990. L’île est reliée à L’Isle-aux-Grues par un banc de sable. Lorsqu’il décrivait l’emplacement de son nouvel atelier, Riopelle disait que c’était le paradis et que les oies y apportaient la première neige.[3]

Bien qu’il n’y ait pas d’oie à proprement parler dans Les oies, Riopelle évoque des images de troupeaux d’oies des neiges en migration sur les rives du fleuve Saint-Laurent en donnant son nom à l’œuvre. À propos de ses titres, l’historien de l’art Robert Enright a expliqué que dans bon nombre des peintures, dessins et sculptures, on ne peut jamais savoir si le nom a été donné avant ou pendant l’exécution de l’œuvre, ou s’il a été décidé une fois l’œuvre achevée.[4]

Dans Les oies, des touches de blanc vif et lumineux occupent la majeure partie de la surface de la toile. Des touches expressives et nettes de noirs intenses, mises en relief par des jaunes clairs, viennent rompre cette vaste étendue de blanc. Le long du bord supérieur, une bande d’un bleu intense évoque un pan de ciel ou la ligne d’horizon délimitant l’océan du ciel. Si l’animal est suggéré ici, il a été délibérément estompé avec l’espace qu’il occupe. Bien que strictement abstrait, le tableau Les oies anticipe les représentations figuratives d’oies que l’artiste réalisera plus tard.

1. Cité dans Gilles Daigneault, « Vous avez dit bestiaire ? » dans Yseult Riopelle (dir.), Riopelle, Les migrations du Bestiaire. Une rétrospective, catalogue d’exposition, Montréal, Kétoupa Édition, 2014, p. 13.

2. François-Marc Gagnon, « Les hiboux, 1970 » dans Jean Paul Riopelle : Sa vie et son œuvre, Toronto, Institut de l’art canadien, 2019, https://www.aci-iac.ca/fr/livres-dart/jean-paul-riopelle/oeuvres-phares/les-hiboux/.

3. Voir Gilbert Érouart, Entretiens avec Jean-Paul Riopelle suivis de Fernand Séguin rencontre Jean-Paul Riopelle, Montréal, Liber, 1993.

4. Robert Enright, « L’animal intérieur. Le bestiaire excentrique de Jean Paul Riopelle » dansSimon Blais et al., Riopelle, Les migrations du Bestiaire. Une rétrospective, page 23.


Estimation : 175 000 $ - 225 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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