LOT 034

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1923 - 2002
Canadien

Sans titre
huile sur toile
signé et au verso titré, daté Vers 1964 sur les étiquettes de la galerie, inscrit « N° 4903 » sur l’étiquette Gimpel Fils et diversement et étampé 191089 et 60F
50 3/4 x 37 7/8 po, 129 x 96.5 cm

Estimation : 300 000 $ - 400 000 $ CAD

Vendu pour : 421 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Gimpel Fils, Londres
Galerie Jean Fournier, Paris
Acquis du susmentionné par une collection privée
Art contemporain, Sotheby’s Paris, 29 mai 2012, lot 23
Une importante collection privée européenne

BIBLIOGRAPHIE
Yseult Riopelle, Jean Paul Riopelle Catalogue Raisonné, Volume 3, 1960 - 1965, 2009, reproduit page 218, catalogue #1964.034H.1964


La matière est au cœur de l’œuvre de Jean Paul Riopelle. Que ce soit dans ses œuvres peintes ou sculptées, le traitement de la matière est toujours très tactile et sensuel, ce qui est particulièrement vrai pour la période 1960-1965. S’éloignant des œuvres denses « all-over » des années 1950 – aujourd’hui connues sous le nom de « mosaïques » –, ses compositions deviennent plus ambitieuses et plus spacieuses, tandis que ses gestes et l’application de la peinture deviennent plus libres et plus exubérants.

Si le travail à la spatule est encore très présent, ses tableaux laissent voir, comme l’explique l’historien de l’art Yves Michaud, une apparition progressive de formes qui, en se superposant sur la profusion de petites touches, confèrent une seconde organisation au tableau et conduisent peu à peu à la figure. Il s’agit parfois d’une sorte de calligraphie, parfois d’un découpage en zones, parfois de l’apparition d’une forme massive.[1]

Dans l’œuvre sans titre présentée ici, Riopelle construit une forme circulaire d’où émane une lumière blanche et dorée au centre de la toile réalisée à l’aide de coups rythmés de spatule, créant ainsi l’apparence d’une forme massive. Ce faisant, Riopelle introduit de l’espace dans la composition, la divisant en zones de couleur. Dans cette grande étendue, des touches d’orange vif, de marron, de sarcelle et de cyan apparaissent en transparence ici et là parmi les coups de spatule en forme de tesselles. La forme ronde centrale est cernée par un arrière-plan bleu et blanc qui agit comme un cadre dans le cadre. La portion inférieure de l’œuvre est couverte de touches de noir, de rouge, de jaune, de blanc et de bleu, des couleurs contrastées qui créent un effet saisissant entre le fond et la forme ronde au premier plan.

Sans titre a été peint vers 1964, lors d’une période extrêmement productive et effervescente pour l’artiste. En effet, dans la première moitié des années 1960, il reçoit de nombreuses marques de reconnaissance d’envergure nationale et internationale : il représente le Canada à la Biennale de Venise en 1962 et y remporte le prix de l’UNESCO, trois de ses tableaux font partie de l’exposition « Art since 1950 » à l’Exposition universelle de Seattle et la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui Musée des beaux-arts du Canada) organise une grande rétrospective de ses œuvres intitulées « Jean Paul Riopelle : peinture et sculpture », qui sera ensuite présentée au Musée des beaux-arts de Montréal en 1963.

À cette époque, Riopelle réalise des œuvres de plus en plus grandes, une tendance qui culminera avec la réalisation d’une peinture monumentale intitulée Point de rencontre, commandée pour l’aéroport international Pearson de Toronto en 1964. En parallèle, il commence à explorer une variété d’autres techniques, telles que le dessin, l’aquarelle, la gravure et la sculpture.

Sans titre est un superbe exemple des œuvres de Riopelle du début des années 1960 et de son évolution continue vers la forme. Le tableau met en évidence son choix caractéristique de couleurs vibrantes et de mouvements dynamiques. La forme centrale de la composition préfigure son prochain retour partiel à la figuration. Bien qu’elle ne soit assurément pas figurative, cette toile suggère des éléments de la nature. La forme centrale pourrait être le Soleil ? Un visage, peut-être ? Riopelle a expliqué : « Mes tableaux considérés comme les plus abstraits auront été, pour moi, les plus figuratifs au sens propre du terme. [... ] Je ne tire pas de la nature, je vais vers la nature. [...] À vrai dire, l’abstraction n’existe pas en peinture. […] L’abstraction est impossible; la figuration tout autant. »[2]

1. Voir Yves Michaud, « Organicité et flux cosmique », dans Yseult Riopelle et Tanguy Riopelle (dir.), Jean-Paul Riopelle Catalogue raisonné, vol. 3, 1960-1965, Montréal, Hibou Éditeurs, 2009, p. 56.

2. Cité dans Michel Waldberg, « Riopelle, l’écart absolu », dans Yseult Riopelle (dir.), Jean-Paul Riopelle Catalogue raisonné, vol. 1, 1939-1954, Montréal, Hibou Éditeurs, 1999, p. 42.


Estimation : 300 000 $ - 400 000 $ CAD

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