LOT 037

AANFM ARCA OC QMG
1928 - 2021
Canadien

Reflet d'avril
huile sur toile
signé et daté 1960 et au verso signé, titré et inscrit « 4371 Harvard Montreal » / « #58270 » / « #14 » et diversement
42 1/4 x 35 7/8 po, 107.3 x 91.1 cm

Estimation : 70 000 $ - 90 000 $ CAD

Vendu pour : 325 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
James Rottman Fine Art, Toronto
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Association des artistes non figuratifs de Montréal, Musée des beaux-arts du Canada, 1960, répertorié

EXPOSITION
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, Association des artistes non figuratifs de Montréal, 1er septembre 1960 - 15 avril 1961, en tournée à la MacKenzie Art Gallery, Regina; Banff School of Fine Arts; Edmonton Art Gallery et University of Alberta, Calgary, catalogue #14


Encouragée par la croyance de Paul-Émile Borduas en la découverte de soi comme force productive, la pratique de Rita Letendre du milieu des années 1950 se définit par des itérations rapides et des changements fréquents de style et de construction. L’approche picturale de la génération précédente – des structures avec avant et arrière plans, des géométries denses et quadrillées, une opacité de la couleur – a rapidement été abandonnée au profit de formes d’expression plus libres et une énergie spirituelle. Ses peintures s’orientent dès lots vers une sensibilité plus organique, caractérisée par des empâtements toujours plus épais, des gestes lyriques et des illuminations explosives. Au fur et à mesure que sa pratique se développe, les leçons de chaque toile s’appliquent à la suivante : ses œuvres deviennent plus audacieuses et plus expressionnistes, alors qu’elle s’efforce de synthétiser l’acte de peindre avec liberté, intuition et puissance émotionnelle.

La période de la fin des années 1950 s’avérera la plus productive de son séjour à Montréal, alors qu’elle commence à consolider les leçons de sa peinture dans un langage holistique d’abstraction exubérante qui lui est incontestablement propre. Au cours de cette période, elle introduit la lumière avec plus de force dans ses toiles, explosant vers l’extérieur en éruptions volcaniques ou éclatant à travers la surface empâtée avec une luminosité expressive. Cet ancrage dans les qualités expérientielles et émotionnelles que l’on trouve à l’intersection de la couleur, du mouvement et de la lumière s’avérera essentiel pour les explorations de Letendre sur la découverte de soi. Ces aspects continueront d’être des qualités déterminantes de sa peinture, même si elle évoluera vers les flèches hard-edge de la fin des années 1960 jusqu’aux tempêtes gestuelles de ses tableaux tardifs.

Reflet d’avril a été exécuté à ce moment crucial et transformateur. Ici, une masse noire plus profonde gronde à travers un champ gris-vert. Une bande blanche centrale brûle avec un éclat ardent, tandis qu’une autre tache blanche jette un coup d’œil sur le bord supérieur. Des reflets d’oranges et de jaunes plus vifs scintillent à travers la cicatrice blanche et scintillent sous le sol plus sombre, faisant allusion aux étincelles cosmiques primordiales du Big Bang – ou aux lueurs de la lumière du soleil se reflétant à travers une aube crépusculaire. En effet, le titre suggère que ces impulsions créatrices occupaient l’esprit de Letendre, rappelant les éclats de croissance et de couleur que l’on pouvait voir dans les premiers jours encore vifs d’avril. Certes, le titre reflète un intérêt plus large de Letendre pour la représentation des rythmes de la nature et des forces qui y agissent. À l’instar de l’exceptionnel Reflet d’Eden (vendu par la Maison Heffel le 1er juin 2022, collection privée) ou de la monumentale Victoire (collection du Musée des beaux-arts de l’Ontario), tous deux peints l’année suivant cette toile, le titre n’est pas tant descriptif que suggestif des énergies turbulentes et de la puissance émotive brute qui saturent et jaillissent des profondeurs gestuelles.

Cette œuvre est l’une des deux toiles de Letendre incluses dans l’exposition de 1960-1961 de l’Association des artistes non figuratifs de Montréal organisée par le Musée des beaux-arts du Canada. La NFAAM, dont Letendre est l’un des membres fondateurs, a été créée en 1956 pour promouvoir et exposer un groupe informel d’automatistes, de plasticiens et d’autres abstractionnistes peignant à Montréal et pour assurer l’égalité de la peinture non figurative au sein de la scène artistique dynamique de la ville. Cette exposition itinérante très attendue sera la dernière exposition de la NFAAM, qui sera dissoute en 1961. Comme on peut le voir dans cette œuvre, à cette époque, il y avait moins besoin d’un tel groupe pour défendre la peinture abstraite, avec la maturation des artistes post-Borduas et la force de leur production. Né de cet environnement fertile et réalisé à un moment décisif de la carrière de Letendre, Reflet d’avril est un exemple singulier d’une artiste au sommet de son talent pictural.


Estimation : 70 000 $ - 90 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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