LOT 019

AANFM LP QMG RCA
1932 -
Canadien

Mandala #1
acrylique sur toile
au verso signé, titré, daté 6/1969 deux fois et inscrit « 42 »
42 3/8 x 42 3/8 po, 107.6 x 107.6 cm

Estimation : 200 000 $ - 250 000 $ CAD

Vendu pour : 241 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Collection privée, Montréal


Il est difficile de comprendre, 55 ans plus tard, à quel point les discussions sur la peinture abstraite étaient animées et d’une grande portée au Canada dans les années 1960. L’exposition itinérante Form-Colour organisée par la Galerie nationale du Canada a été présentée d’un océan à l’autre en 1969, l’année même où Barnett Newman (dont Claude Tousignant a découvert les peintures influentes lors d’un voyage à New York en 1962) prend la parole à Ottawa à l’invitation de la Galerie nationale. Dans les années 1960, les innovations de Tousignant sont mises en valeur lors d’expositions organisées sur tout le continent, notamment 1+1=3: An Exhibition of Retinal and Perceptual Art à Austin et Houston, The Deceived Eye à Fort Worth, Op from Montreal à l’Université du Vermont et The Responsive Eye au Museum of Modern Art de New York. Tousignant représente le Canada à la 8e Biennale internationale de São Paulo en 1965 et quelques années plus tard, en 1973, alors que l’artiste n’a que 40 ans, la Galerie nationale du Canada lui consacre une rétrospective qui est présentée à Paris et dans 12 villes canadiennes.

Tousignant est un titan de l’abstraction de l’art canadien. Actif à Montréal dès le début des années 1950, ses œuvres laissent une marque indélébile dans l’histoire de la peinture, en particulier ses emblématiques toiles circulaires caractérisées par des couleurs vives en bandes alternées de largeurs égales. L’ambition de Tousignant, dès le départ, est d’atteindre l’autonomie au sein d’un objet peint, de réaliser des tableaux libérés de la représentation, libérés des débats fastidieux entre la figure et l’arrière-plan et entre l’horizontalité et la verticalité, libérés des traditions paysagistes de la peinture canadienne. Les tableaux cercle/cible de Tousignant sont entièrement nouveaux, chacun ayant un système rythmique simplifié qui crée des objets peints uniques, presque autonomes. « J’étais fasciné par le cercle en tant que forme. Le cercle avait une tension égale tout autour, des tensions égales à toutes les périphéries. »[1]

Dans Mandala #1, Tousignant plonge dans l’essence de l’expérience visuelle, en éliminant les éléments étrangers pour se concentrer uniquement sur l’interaction des couleurs. Le tableau est structuré autour de sa juxtaposition caractéristique de couleurs complémentaires. Tousignant est un coloriste hors pair et, de manière contre-intuitive, son usage du cercle réduit l’importance de la forme, propulsant les spectateurs dans un royaume de sensations visuelles structurées. Ses peintures sont des rencontres visuelles mises en scène avec des couleurs qui pulsent et vibrent, mises en mouvement par des forces centripètes et centrifuges simultanées, antagonismes de l’énergie chromatique. Le regard du spectateur est attiré de manière troublante à la fois vers l’intérieur et vers l’extérieur.

La structure simple de Mandala #1 exclut toute stabilité dans l’image. L’artiste y parvient en entrelaçant deux systèmes sériels : un est composé de trois types de rouge, l’autre de seulement deux verts. C’est à la fois cette régularité et l’asymétrie de l’œuvre qui génèrent un changement chromatique constant. D’abord, le rouge précède le vert, puis l’inverse. Les deux teintes semblent en créer une troisième qui possède une qualité chromatique entièrement vibratoire. Tousignant, qui explore le « rapport couleur-lumière intégré à une structure circulaire », explique : « Je voulais que la confrontation de ces couples de couleurs, lesquels, par leur juxtaposition, produisent pour ainsi dire une troisième couleur, établisse une suite de rapports entre ces troisièmes couleurs. »[2]

L’un des aspects les plus frappants de Mandala #1 est l’utilisation magistrale par Tousignant de valeurs alternées de couleurs complémentaires. Ses teintes vibrantes, appliquées avec précision, créent de la luminosité et de la profondeur sur seulement quelques bandes concentriques. Cette étonnante cible nous invite à la contemplation, suggérée ici par le titre, tout en incitant le spectateur à reconsidérer sa perception de la couleur dans le monde.

Nous remercions Gary Dufour, professeur associé à l’Université d’Australie occidentale, qui a rédigé l’essai ci-dessus. Spécialiste de l’art moderne et contemporain, Gary Dufour a été conservateur principal à la Vancouver Art Gallery (1988-1995) et conservateur en chef et directeur adjoint de l’Art Gallery of Western Australia (1995-2013).

1. Cité dans Roald Nasgaard, Abstract Painting in Canada, Halifax, Art Gallery of Nova Scotia, 2007, p. 192 [traduction libre].

2. Cité dans Danielle Corbeil, Claude Tousignant, catalogue d’exposition, Ottawa, Galerie nationale du Canada, 1973, p. 9.


Estimation : 200 000 $ - 250 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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